Le syndrome de l’imposteur est un phénomène qui atteint aujourd’hui de nombreuses personnes, jusqu’à limiter leur potentiel ou les pousser à toujours faire plus et se dépasser. Les causes étant multiples, il est important de bien distinguer chaque individu qui en souffre et de comprendre les origines.
Dans les métiers du digital où les compétences et la recherche de performance sont avérées, on retrouve de très nombreuses personnes qui sont touchées par ce syndrome de l’imposteur.
Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?
Le syndrome de l’imposteur est un phénomène psychologique où les personnes, malgré des preuves objectives de leurs compétences et de leurs succès rencontrés, doutent de leurs réalisations. Elles craignent majoritairement de se retrouver montrées comme des personnes illégitimes quant à leurs compétences et leur savoir-faire.
Elles attribuent souvent leurs réussites à des facteurs externes, comme la chance notamment, plutôt qu’en leurs propres capacités. Ce syndrome est particulièrement courant dans les environnements ultra compétitifs et/ou en constante évolution, comme le secteur du digital. Cependant ce sont aussi de multiples facteurs et de causes très distinctes, qui peuvent être à l’origine de ce syndrome chez les personnes qui en sont touchées.
Par ailleurs, ce syndrome peut se manifester différemment chez les femmes et les hommes.
Manifestations chez les femmes
Les femmes souffrant du syndrome de l’imposteur peuvent ressentir par exemple, une plus forte pression pour prouver leur valeur, dans des environnements souvent dominés par les hommes. Elles peuvent douter de leurs compétences, craindre de ne pas être à la hauteur et éviter de se présenter pour des postes ou des promotions, même lorsqu’elles sont très largement qualifiées.
Ces sentiments peuvent également être amplifiées par différents autre facteurs liés à l’environnement, à des problématiques de société, des stéréotypes, etc.
Manifestations chez les hommes
Les hommes, bien qu’ils puissent aussi souffrir du syndrome de l’imposteur, sont souvent plus discrets et moins enclins à exprimer leurs doutes en raison de normes culturelles et de pressions sociales liées à la masculinité. Ils peuvent compenser ces sentiments en travaillant davantage ou en évitant certaines situations qui peuvent les exposer aux jugements.
Les hommes peuvent aussi ressentir une forte pression pour maintenir une certaine image de « compétence » et être en proie à d’autres facteurs qui amplifieraient ce sentiment d’imposture.
Les impacts sur l’individu
Le syndrome de l’imposteur peut entraîner une anxiété chronique, une diminution de l’estime de soi, et un épuisement professionnel. Les individus peuvent éviter de prendre des risques ou de saisir des opportunités par peur de l’échec ou de l’exposition.
Cela peut considérablement limiter la croissance professionnelle, mais également personnelle des personnes touchées.
Quelles sont les causes qui entrainent le syndrome de l’imposteur ?
Les causes sont généralement multiples et peuvent être connues ou mêmes inconnues de la personne qui en est victime. Parmi les facteurs connues, on peut citer le manque de confiance qui s’est développé au fil des années et qui peut être le fruit d’un jugement de valeur au travers de son éducation et/ou de sa scolarité.
Dévaloriser sans cesse une personne en lui martelant qu’elle n’arrivera à rien dans la vie, peut entrainer à terme ce syndrome de l’imposteur. Dans d’autres cas ce sentiment a pu s’alourdir suite à un handicap qui a nécessité de devoir faire plus d’effort que les autres, durant les études par exemple. A terme on relève de nouveau ce manque de confiance qui se développe chez les personnes.
Parmi les facteurs inconnus chez les personnes atteintes de ce syndrome, on peut aisément soulever les dons. Ils ne s’apprennent pas à l’école mais entrainent des facilités dans divers domaines. Une personne qui est très douée dans la création par exemple, pourrait se sentir illégitime du fait d’un parcours scolaire chaotique et ne pas reconnaitre que ce don est une chose naturelle et innée chez elle. Elle pourra se sentir sans cesse illégitime sans même faire la distinction entre l’échec de son parcours académique et le don qui était déjà en elle.
De nombreuses personnes douées naturellement, souhaitent rapidement mettre à contribution ce don qu’elles ont en travaillant plutôt que de faire de longues études. Ces personnes peuvent dés lors s’ennuyées durant les études qu’elles suivent. De là peuvent s’ensuivre des jugements de valeurs aussi bien du côté des parents que des professeurs d’école.
La performance constamment recherchée dans certains métiers, peut entrainer l’installation du doute chez des personnes qualifiées et à terme faire naitre des questionnements sur sa légitimité.
Ainsi l’éducation, l’environnement dans lequel on a grandi, les jugements portés durant l’enfance ou encore les stéréotypes infondés, sont autant de causes qui peuvent entrainer ce syndrome de l’imposteur.
Le sentiment d’imposture dans les métiers du digital
Dans le domaine du digital, qui englobe des métiers tels que le marketing digital, le community management, le référencement (SEO), et l’e-commerce, le syndrome de l’imposteur y est particulièrement répandu. Ce secteur est caractérisé par de rapides évolutions technologiques et la nécessité constante de mettre à jour ses compétences, ce qui peut amplifier les sentiments d’insécurité et d’incompétence des personnes.
1. Apprendre sur le tas
Beaucoup de professionnels du digital n’ont pas nécessairement suivi d’études dans leur domaine. Ils se forment souvent de manière autodidacte, à travers des tutoriels en ligne, des cours gratuits, des livres, des webinaires, et des expériences personnelles.
Cette méthode d’apprentissage bien que très efficace, peut également renforcer ce syndrome de l’imposteur. Des professionnels peuvent penser qu’ils ne sont pas aussi qualifiés que ceux ayant suivi une formation traditionnelle dans les règles de l’art.
2. La rapidité de l’évolution technologique
Le secteur digital évoluant à une vitesse fulgurante ; les nouvelles plateformes, les algorithmes, et les tendances apparaissent régulièrement, nécessitent une adaptation rapide. Ce besoin incessant de se former peut donner l’impression de ne jamais en savoir assez, renforçant au passage ce sentiment d’imposture.
3. La comparaison constante
Les professionnels du digital sont souvent confrontés à la comparaison avec leurs pairs, particulièrement à travers les réseaux sociaux professionnels et les témoignages de réussite partagés. Cette comparaison peut accentuer les sentiments de doute et d’insuffisance, et ce, d’autant plus quand les personnes sont exposées et qu’elles gagnent en plus de la reconnaissance. Un vrai paradoxe à vivre au passage, mais qui a pour effet d’amoindrir l’égo.
Le syndrome de l’imposteur dans le prisme des métiers du digital
En rapprochant ce syndrome à certains métiers du digital on peut voir que la performance et l’exposition sous toutes ses formes peuvent entrainer et accentuer ce sentiment d’imposture.
Le marketing digital
Les spécialistes du marketing digital sont souvent confrontés à des attentes élevées en matière de performance et de résultats. La pression pour générer un fort retour sur investissement mesurable peut accentuer le syndrome de l’imposteur, surtout lorsque les actions mises en place ne produisent pas les résultats escomptés.
Les community management
Les community managers, dans le cadre de la communication d’une marque avec son audience au travers des réseaux sociaux, sont directement impactés. Ils doivent constamment créer du contenu engageant, gérer les interactions en ligne, et maintenir une image positive de leur marque.
Les feedbacks immédiats et parfois négatifs peuvent renforcer des sentiments de doute quant à leurs réelles compétences.
Le SEO et le e-commerce
Les professionnels du SEO doivent continuellement ajuster leurs stratégies et répondre ainsi aux changements d’algorithmes des moteurs de recherche. Ce levier imprévisible qu’est le SEO peut entraîner des doutes sur leurs compétences.
De même, les spécialistes de l’e-commerce doivent s’adapter sans cesse aux fluctuations du marché comme aux comportements des consommateurs, ce qui peut également renforcer le syndrome de l’imposteur.
Comment surmonter le syndrome de l’imposteur ?
Bien qu’il soit difficile de surmonter cette sensation d’imposture quand elle est bien ancrée dans l’individu, il est possible d’amoindrir ces effets si on y consacre du temps pour accepter certains faits.
Reconnaître ses accomplissements : Tenir un journal de bord de ses réussites, même petites, peut aider à voir de manière plus objective ses compétences et réalisations et accepter de les reconnaitre.
Se former continuellement : En participant à des formations et des webinaires, ça peut renforcer la confiance en ses compétences et indirectement les attribuer au fait de se former.
Demander des feedbacks constructifs : Solliciter des retours honnêtes et constructifs de ses collègues ou de ses mentors peut également aider à renforcer sa confiance et atténuer ce syndrome.
Éviter les comparaisons : Se concentrer sur son propre parcours plutôt que de se comparer sans cesse aux autres peut être bénéfique. Cette comparaison peut aussi être le fruit d’une ultra connectivité qui met en relief les réussites des autres ou de ses pairs directement. Se concentrer non seulement sur son parcours mais aussi sur son travail en évitant de se disperser, sera un réel plus.
Adopter une mentalité de croissance : Aborder les défis comme de réelles opportunités d’apprentissage et non des menaces face à ses compétences. Cela permettra de plus facilement attribuer une réussite à un désir d’apprendre.
En conclusion
Le syndrome de l’imposteur est un véritable défi, que l’on retrouve à différents stades, chez les femmes comme chez les hommes et auprès de nombreuses personnes travaillant dans le secteur du digital. Là où les évolutions sont rapides avec la nécessité d’avoir des compétences autodidactes, ça peut alimenter les sentiments de doute.
Cependant, en reconnaissant ces sentiments et en mettant en place des actions pour les surmonter ou les contourner, les professionnels du digital peuvent apprendre à valoriser leurs compétences et se sentir plus confiants dans leurs capacités.